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NANA

Justement, madame Maloir entrait, avec un de ces chapeaux étranges, dont elle seule trouvait la forme. Ce fut une joie de se revoir. Madame Maloir expliqua que les grandeurs l’intimidaient ; maintenant, de temps à autre, elle reviendrait faire son bezigue. On visita une seconde fois le logement ; et, dans la cuisine, devant la femme de ménage qui arrosait le poulet, Nana parla d’économies, dit qu’une bonne aurait coûté trop cher et qu’elle-même voulait s’occuper de son chez-elle. Louiset regardait béatement la rôtissoire.

Mais il y eut un éclat de voix. C’était Fontan, avec Bosc et Prullière. On pouvait se mettre à table. Le potage était déjà servi, lorsque Nana, pour la troisième fois, montra le logement.

— Ah ! mes enfants, que vous êtes bien ici ! répétait Bosc, histoire simplement de faire plaisir aux camarades qui payaient à dîner, car au fond la question de « la niche», comme il disait, ne le touchait pas.

Dans la chambre à coucher, il força encore la note aimable. D’ordinaire, il traitait les femmes de chameaux, et l’idée qu’un homme pouvait s’embarrasser d’une de ces sales bêtes soulevait, chez lui, la seule indignation dont il était capable, dans le dédain d’ivrogne dont il enveloppait le monde.

— Ah ! les gaillards, reprit-il en clignant les yeux, ils ont fait ça en sournois… Eh bien ! vrai, vous avez eu raison. Ce sera charmant, et nous viendrons vous voir, nom de Dieu !

Mais comme Louiset arrivait, à califourchon sur un manche à balai, Prullière dit avec un rire méchant :

— Tiens ! c’est déjà à vous, ce bébé ?

Cela parut très drôle. Madame Lerat et madame