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Page:Zola - Nana.djvu/289

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NANA

— Puis, continuait la tante, tu n’as connu que des personnes distinguées… Justement, nous causions de ça, hier soir, avec Zoé, chez moi. Elle non plus ne comprend pas. « Comment, disait-elle, madame qui menait monsieur le comte, un homme si parfait, au doigt et à l’œil, — car, entre nous, il paraît que tu le faisais tourner en bourrique, — comment madame peut-elle se laisser massacrer par ce polichinelle ? » Moi, j’ai ajouté que les coups, ça se supportait encore, mais que jamais je n’aurais souffert le manque d’égards… Enfin, il n’a rien pour lui. Je ne le voudrais pas dans ma chambre en peinture. Et tu te ruines pour un oiseau pareil ; oui, tu te ruines, ma chérie, tu tires la langue, lorsqu’il y en a tant, et des plus riches, et des personnages du gouvernement… Suffit ! ce n’est pas moi qui dois dire ces choses. Mais, à la première saleté, je te le planterais là, avec un : « Monsieur, pour qui me prenez-vous ? » tu sais, de ton grand air, qui lui couperait bras et jambes.

Alors, Nana éclatait en sanglots, balbutiant :

— Oh ! ma tante, je l’aime.

La vérité était que madame Lerat se sentait inquiète, en voyant sa nièce lui donner à grand’peine des pièces de vingt sous de loin en loin, pour payer la pension du petit Louis. Sans doute, elle se dévouerait, elle garderait quand même l’enfant et attendrait des temps meilleurs. Mais l’idée que Fontan les empêchait, elle, le gamin et sa mère, de nager dans l’or, l’enrageait au point de lui faire nier l’amour. Aussi concluait-elle par ces paroles sévères :

— Écoute, un jour qu’il t’aura enlevé la peau du ventre, tu viendras frapper à ma porte, et je t’ouvrirai.

Bientôt l’argent devint le gros souci de Nana. Fontan avait fait disparaître les sept mille francs ; sans