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NANA

ments de silence, on entendait seulement les roulades aiguës du serin, pareilles aux trilles d’une flûte lointaine.

— Écoute, dit-il en se plantant devant elle, je suis venu pour te reprendre… Oui, je veux recommencer. Tu le sais bien, pourquoi me parles-tu comme tu le fais ?… Réponds. Tu consens ?

Elle avait baissé la tête, elle grattait de l’ongle la paille rouge, qui saignait sous elle. Et, le voyant anxieux, elle ne se pressait pas. Enfin, elle leva sa face devenue grave, ses beaux yeux où elle avait réussi à mettre de la tristesse.

— Oh ! impossible, mon petit. Jamais je ne me recollerai avec toi.

— Pourquoi ? bégaya-t-il, tandis qu’une contraction d’indicible souffrance passait sur son visage.

— Pourquoi ?… dame ! parce que… C’est impossible, voilà tout. Je ne veux pas.

Il la regarda quelques secondes encore, ardemment. Puis, les jambes coupées, il s’abattit sur le carreau. Elle, d’un air d’ennui, se contenta d’ajouter :

— Ah ! ne fais pas l’enfant !

Mais il le faisait déjà. Tombé à ses pieds, il l’avait prise par la taille, il la serrait étroitement, la face entre ses genoux, qu’il s’enfonçait dans la chair. Quand il la sentit ainsi, quand il la retrouva avec le velours de ses membres, sous l’étoffe mince de sa robe, une convulsion le secoua ; et il grelottait la fièvre, éperdu, se meurtrissant davantage contre ses jambes, comme s’il avait voulu entrer en elle. La vieille chaise craquait. Des sanglots de désir s’étouffaient sous le plafond bas, dans l’air aigri par d’anciens parfums.

— Eh bien ! après ? disait Nana, en le laissant