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Page:Zola - Nana.djvu/385

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NANA

nait des ordres, il inscrivait des chiffres sur un calepin. Puis, ce furent Clarisse et Gaga qui le rappelèrent, pour changer leurs paris ; elles avaient entendu des mots dans la foule, elles ne voulaient plus de Valerio II et prenaient Lusignan ; lui, impassible, écrivait. Enfin, il se sauva, on le vit qui disparaissait, de l’autre côté de la piste, entre deux tribunes.

Les voitures arrivaient toujours. Maintenant, elles se rangeaient sur une cinquième file, s’élargissant le long de la barrière en une masse profonde, toute bariolée par les taches claires des chevaux blancs. Puis, au-delà, c’était une débandade d’autres voitures, isolées, comme échouées dans l’herbe, un pêle-mêle de roues, d’attelages jetés en tous sens, côte à côte, de biais, en travers, tête contre tête. Et, sur les nappes de gazon restées libres, les cavaliers trottaient, les gens à pied mettaient des groupes noirs continuellement en marche. Au-dessus de ce champ de foire, dans la chinure brouillée de la foule, les buvettes haussaient leurs tentes de toile grise, que les coups de soleil blanchissaient. Mais la bousculade, des tas de monde, des remous de chapeaux, avait surtout lieu autour des bookmakers, montés dans des voitures découvertes, gesticulant comme des dentistes, avec leurs cotes près d’eux, collées sur de hautes planches.

— C’est bête tout de même, de ne pas savoir pour quel cheval on parie, disait Nana. Faut que je risque quelques louis moi-même.

Elle s’était mise debout pour choisir un bookmaker qui eût une bonne figure. Cependant, elle oublia son désir, en apercevant toute une foule de sa connaissance. Outre les Mignon, outre Gaga, Clarisse et Blanche, il y avait là, à droite, à gauche, en arrière, au milieu de la masse des voitures qui maintenant em-