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Page:Zola - Nana.djvu/394

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LES ROUGON-MACQUART

qui amenaient les chevaux sur la piste, jusqu’à la souveraine causant avec Charles, un prince, mais un salaud de même.

— Bravo, Nana !… Très chic, Nana !… cria la Faloise enthousiasmé.

Des coups de cloche se perdaient dans le vent, les courses continuaient. On venait de courir le prix d’Ispahan, que Berlingot, un cheval de l’écurie Méchain, avait gagné. Nana rappela Labordette, pour demander des nouvelles de ses cent louis ; il se mit à rire, il refusa de lui faire connaître ses chevaux, afin de ne pas déranger la chance, disait-il. Son argent était bien placé, elle verrait tout à l’heure. Et comme elle lui avouait ses paris, dix louis sur Lusignan et cinq sur Valerio II, il haussa les épaules, ayant l’air de dire que les femmes faisaient quand même des bêtises. Cela l’étonna, elle ne comprenait plus.

À ce moment, la pelouse s’animait davantage. Des lunchs s’organisaient en plein air, en attendant le Grand Prix. On mangeait, on buvait plus encore, un peu partout, sur l’herbe, sur les banquettes élevées des four-in-hand et des mail-coach, dans les victorias, les coupés, les landaus. C’était un étalage de viandes froides, une débandade de paniers de champagne, qui sortaient des caissons, aux mains des valets de pied. Les bouchons partaient avec de faibles détonations, emportées par le vent ; des plaisanteries se répondaient, des bruits de verres qui se brisaient mettaient des notes fêlées dans cette gaieté nerveuse. Gaga et Clarisse faisaient avec Blanche un repas sérieux, mangeant des sandwichs sur une couverture étalée, dont elles couvraient leurs genoux. Louise Violaine, descendue de son panier, avait rejoint Caroline Héquet ; et, à leurs pieds, dans le gazon,