Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/100

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à entendre dire autour d’elle : « Ah ! la charmante enfant ! »

Cependant, Lili saluait toujours le tronc du vieux marronnier. Brusquement, je la vis se redresser et se mettre sous les armes : l’ombrelle penchée, le sourire aux lèvres, l’air un peu fou. Je compris bientôt. Une autre petite fille, une brune en jupe verte, venait par la grande allée. C’était une amie, et il s’agissait de s’aborder en toute élégance.

Les deux bambines se touchèrent légèrement la main, firent les grimaces d’usage entre femmes du même monde. Elles avaient ce sourire heureux qu’il est de bon ton d’avoir en pareille circonstance. Quand elles eurent achevé leurs politesses, elle se mirent à marcher côte à côte, causant d’une voix fluette. Il ne fut pas question du tout de jouer.

— Vous avez là une jolie robe.

— C’est de la valencienne, n’est-ce pas ? cette garniture.

— Maman a été indisposée, ce matin. J’ai bien craint de ne pouvoir venir, ainsi que je vous l’avais promis.

— Avez-vous vu la poupée de Thérèse ? Elle a un trousseau magnifique.