Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/127

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surprise. Et, comme ils ne disent rien, au bout d’un bon moment, elle répète sur un ton chantant :

— J’ai faim, j’ai faim.

Le père s’est pris la tête entre les poings, dans un coin d’ombre ; il reste là, écrasé, les épaules secouées par de rudes sanglots silencieux. La mère, étouffant ses larmes, est venue recoucher la petite. Elle la couvre avec toutes les bardes du logis, elle lui dit d’être sage, de dormir. Mais l’enfant, dont le froid fait claquer les dents, et qui sent le feu de sa poitrine la brûler plus fort, devient très-hardie. Elle se pend au cou de sa mère; puis, doucement :

— Dis, maman, demande-t-elle, pourquoi donc avons-nous faim ?