Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/181

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verts, entendent, pendant tout l’été, leurs petits cris de tendresse dominant le roulement des fiacres.

Mais le véritable enfant de Paris, le gamin de l’air, est le moineau franc, le pierrot, qui porte la blouse grise du faubourien. Il est populacier, gouailleur, effronté. Son cri semble une moquerie, son battement d’aile un geste railleur ; ses airs de tête ont je ne sais quelle insouciance goguenarde et agressive.

Il préfère, certes, les allées grises de poussière, les boulevards brûlants, aux frais ombrages de Meudon et de Montmorency. Il se plaît dans le tapage des roues, boit au ruisseau, mange du pain, se promène tranquillement sur les trottoirs. Il a quitté les champs où il s’ennuyait en compagnie de bêtes sottes et arriérées, pour venir vivre parmi nous, logeant sous nos tuiles, la nuit s’éclairant au gaz, et le jour faisant ses petites affaires dans nos rues, en promeneur ou en homme pressé.

Le pierrot est un Parisien qui ne paye pas ses contributions. Il est le titi de la nation ailée, et il a un faible pour le pain d’épices et pour la civilisation moderne.

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