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— Et je reviendrai épouser Babet ? demandai-je.

Mon oncle eut un imperceptible sourire. Sans répondre directement :

— Le reste est à la volonté du ciel, répondit-il.

— Le ciel, c’est vous, et j’ai foi en votre bonté. Oh ! mon oncle, faites que Babet ne m’oublie pas. Je vais travailler pour elle.

Alors mon oncle Lazare me montra de nouveau la vallée que la lumière inondait de plus en plus, chaude et dorée.

— Voilà l’espérance, me dit-il. Ne sois pas aussi vieux que moi, Jean. Oublie mon sermon, garde l’ignorance de cette campagne. Elle ne songe pas à l’automne ; elle est toute à la joie de son sourire ; elle travaille, insouciante et courageuse. Elle espère.

Et nous revînmes à la cure, marchant lentement dans l’herbe que le soleil avait séchée, causant avec des attendrissements de notre prochaine séparation. Le déjeuner était froid, comme je l’avais prévu ; mais cela m’importait peu. J’avais des larmes dans les yeux, chaque fois que je regardais mon oncle Lazare. Et, au souvenir de Babet, mon cœur battait à m’étouffer.

Je ne me rappelle pas ce que je fis le reste du