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Babet m’embrassa pour cette bonne parole.

— Va surveiller les vendanges, reprit-elle. Je me sens calme, ce matin.

— Tu me ferais prévenir s’il arrivait quelque chose ?

— Oui, oui… Je suis très-lasse. Je vais encore dormir. Tu ne m’en veux pas de ma paresse ?…

Et Babet ferma les yeux, languissante et attendrie. Je restai penché sur elle, recevant au visage le souffle tiède de ses lèvres. Elle s’endormit peu à peu, sans cesser de sourire. Alors, je dégageai ma main de la sienne avec des précautions infinies ; je travaillai pendant cinq minutes pour mener à bien cette besogne délicate. Puis, je posai sur son front un baiser qu’elle ne sentit pas, et je me retirai, palpitant, le cœur débordant d’amour.

Je trouvai, en bas, dans la cour, mon oncle Lazare qui regardait avec inquiétude la fenêtre de la chambre de Babet. Dès qu’il m’aperçut :

— Eh bien ! me demanda-t-il, est-ce pour aujourd’hui ?

Depuis un mois il m’adressait régulièrement cette question chaque matin.

— Il paraît que non, lui répondis-je. Venez-vous avec moi voir vendanger ?