Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/288

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manqua, je maudis la souffrance. L’oncle Lazare, qui était doucement monté derrière moi, dut me ramener dans la cour. Il voulut me distraire, il me dit que le vin serait excellent ; mais il parlait sans s’écouter lui-même. Et, par instants, nous nous taisions tous deux, écoutant avec anxiété une plainte plus prolongée de Babet.

Peu à peu, les cris s’adoucirent, ce ne fut plus qu’un murmure douloureux, une voix d’enfant qui s’endort en pleurant. Puis, un grand silence se fit. Bientôt ce silence me causa une épouvante indicible. La maison me paraissait vide, maintenant que Babet ne sanglotait plus. J’allais monter, lorsque la sage-femme ouvrit sans bruit la fenêtre. Elle se pencha, et, me faisant signe de la main :

— Venez, me dit-elle.

Je montai lentement, goûtant des joies plus profondes à chaque marche. Mon oncle Lazare frappait déjà à la porte, que j’étais encore au milieu de l’escalier, prenant une sorte de plaisir étrange à retarder le moment où j’embrasserais ma femme.

Sur le seuil je m’arrêtai, le cœur battant à grands coups. Mon oncle était penché sur le berceau. Babet, toute blanche, les yeux fermés, semblait dormir. J’oubliai l’enfant, j’allai droit à