Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/299

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— Bah ! disait Jacques, il vaut mieux cette pluie tiède qu’un grand froid qui gèlerait nos oliviers et nos vignes.

Et il essayait de plaisanter. Mais il était inquiet comme nous, sans savoir pourquoi. Babet avait fait de mauvais rêves. Nous écoutions le récit de ses cauchemars, riant des lèvres, le cœur serré.

— C’est le temps qui nous met l’âme à l’envers, dis-je pour rassurer tout le monde.

— Oui, oui, c’est le temps, se hâta de reprendre Jacques. Je vais mettre quelques sarments dans le feu.

Une flambée joyeuse jeta de larges nappes de lumière contre les murs. Les ceps brûlaient avec des pétillements, laissant des brasiers roses. Nous nous étions assis devant la cheminée ; l’air, au dehors, était tiède ; mais, dans l’intérieur de la ferme, il tombait des plafonds une humidité glaciale. Babet avait pris la petite Marie sur ses genoux ; elle causait tout bas avec elle, s’égayant de son babil d’enfant.

— Venez-vous, père ? me demanda Jacques. Nous allons visiter les caves et les greniers.

Je sortis avec lui. Depuis quelques années, les récoltes devenaient mauvaises. Nous subissions