Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/69

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montrant plus que les épaules, puis, tout d’un coup, se relevant, se pliant, comme abattu par la douleur, il s’essuyait les yeux, avec un grand froissement de mousseline empesée, il jetait ses bras en l’air, à droite, à gauche, prenant des poses de pélican blessé. C’était le bouquet, le final, le morceau à grand orchestre, la scène mouvementée du dénoûment.

— Pleurez, pleurez, larmoyait-il, la parole expirante ; pleurez sur vous, pleurez sur moi, pleurez sur Dieu…

La petite baronne dormait tout à fait, les yeux ouverts. La chaleur, l’encens, l’ombre croissante, l’avaient comme engourdie. Elle s’était pelotonnée, elle s’était renfermée dans les sensations voluptueuses qu’elle éprouvait ; et, sournoisement, elle rêvait des choses très-agréables.

À côté d’elle, dans la chapelle des Saints-Anges, il y avait une grande fresque, représentant un groupe de beaux jeunes hommes, à demi nus, avec des ailes dans le dos. Ils souriaient, d’un sourire d’amants transis, tandis que leurs attitudes penchées, agenouillées, semblaient adorer quelque petite baronne invisible. Les beaux garçons, lèvres tendres, peau de satin, bras musculeux ! Le pis était qu’un d’entre eux ressemblait absolument au