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MON VOISIN JACQUES


I


J’habitais alors, rue Gracieuse, le grenier de mes vingt ans. La rue Gracieuse est une ruelle escarpée, qui descend la butte Saint-Victor, derrière le jardin des Plantes.

Je montais deux étages, — les maisons sont basses en ce pays, — m’aidant d’une corde pour ne pas glisser sur les marches usées, et je gagnais ainsi mon taudis dans la plus complète obscurité. La pièce, grande et froide, avait les nudités, les clartés blafardes d’un caveau. J’ai eu pourtant des clairs-soleils dans cette ombre, les jours où mon cœur avait des rayons.

Puis, il me venait des rires de gamine, du grenier voisin, qui était peuplé de toute une famille,