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pousser la fenêtre de la cuisine. Je sautai sur un petit toit qui se trouvait au-dessous.


II


Que les toits étaient beaux ! De larges gouttières les bordaient, exhalant des senteurs délicieuses. Je suivis voluptueusement ces gouttières, où mes pattes enfonçaient dans une boue fine, qui avait une tiédeur et une douceur infinies. Il me semblait que je marchais sur du velours. Et il faisait une bonne chaleur au soleil, une chaleur qui fondait ma graisse.

Je ne vous cacherai pas que je tremblais de tous mes membres. Il y avait de l’épouvante dans ma joie. Je me souviens surtout d’une terrible émotion qui faillit me faire culbuter sur les pavés. Trois chats qui roulèrent du faîte d’une maison, vinrent à moi en miaulant affreusement. Et comme je défaillais, ils me traitèrent de grosse bête, ils me dirent qu’ils miaulaient pour rire. Je me mis à miauler avec eux. C’était charmant. Les gaillards n’avaient pas ma stupide graisse. Ils se moquaient de moi, lorsque je glissais comme une boule sur les plaques de zinc, chauffées par le grand soleil.