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XII


Laurent, dans le coin sombre de la voiture publique qui le ramena à Paris, acheva de mûrir son plan. Il était presque certain de l’impunité. Une joie lourde et anxieuse, la joie du crime accompli, l’emplissait. Arrivé à la barrière de Clichy, il prit un fiacre, il se fit conduire chez le vieux Michaud, rue de Seine. Il était neuf heures du soir.

Il trouva l’ancien commissaire de police à table, en compagnie d’Olivier et de Suzanne. Il venait là, pour chercher une protection, dans le cas où il serait soupçonné, et pour s’éviter d’aller annoncer lui-même l’affreuse nouvelle à madame Raquin. Cette démarche lui répugnait étrangement ; il s’attendait à un tel désespoir qu’il craignait de ne pas jouer son rôle avec assez de larmes ; puis la douleur de cette mère lui était pesante, bien qu’il s’en souciât médiocrement au fond.

Lorsque Michaud le vit entrer vêtu de vêtements grossiers, trop étroits pour lui, il le questionna du re-