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Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/164

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sang et de ses nerfs ; bientôt il hériterait des quarante et quelques mille francs de madame Raquin, car la pauvre vieille se mourait un peu chaque jour ; enfin, il se créerait une vie de brute heureuse, il oublierait tout. À chaque heure, depuis que leur mariage était décidé entre Thérèse et lui, Laurent se disait ces choses ; il cherchait encore d’autres avantages, et il était tout joyeux, lorsqu’il croyait avoir trouvé un nouvel argument, puisé dans son égoïsme, qui l’obligeait à épouser la veuve du noyé. Mais il avait beau se forcer à l’espérance, il avait beau rêver un avenir gras de paresse et de volupté, il sentait toujours de brusques frissons lui glacer la peau, il éprouvait toujours, par moments, une anxiété qui étouffait la joie dans sa gorge.