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Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/230

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XXV


Au bout de quatre mois, Laurent songea à retirer les bénéfices qu’il s’était promis de son mariage. Il aurait abandonné sa femme et se serait enfui devant le spectre de Camille, trois jours après la noce, si son intérêt ne l’eût pas cloué dans la boutique du passage. Il acceptait ses nuits de terreur, il restait au milieu des angoisses qui l’étouffaient, pour ne pas perdre les profits de son crime. En quittant Thérèse, il retombait dans la misère, il était forcé de conserver son emploi ; en demeurant auprès d’elle, il pouvait au contraire contenter ses appétits de paresse, vivre grassement, sans rien faire, sur les rentes que madame Raquin avait mises au nom de sa femme. Il est à croire qu’il se serait sauvé avec les quarante mille francs, s’il avait pu les réaliser ; mais la vieille mercière, conseillée par Michaud, avait eu la prudence de sauvegarder dans le contrat les intérêts de sa nièce. Laurent se trouvait ainsi attaché à Thérèse par un lien puissant. En dé-