Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaient y tenir, tant l’espace était étroit. Elle arracha d’une main son chapeau, et s’appuya contre le lit, défaillante…

La fenêtre à tabatière, ouverte toute grande, versait les fraîcheurs du soir sur la couche brûlante. Les amants restèrent longtemps dans le taudis, comme au fond d’un trou. Tout d’un coup, Thérèse entendit l’horloge de la Pitié sonner dix heures. Elle aurait voulu être sourde ; elle se leva péniblement et regarda le grenier qu’elle n’avait pas encore vu. Elle chercha son chapeau, noua les rubans, et s’assit en disant d’une voix lente :

— Il faut que je parte.

Laurent était venu s’agenouiller devant elle. Il lui prit les mains.

— Au revoir, reprit-elle sans bouger.

— Non pas au revoir, s’écria-t-il, cela est trop vague… Quel jour reviendras-tu ?

Elle le regarda en face.

— Tu veux de la franchise ? dit-elle. Eh bien ! vrai, je crois que je ne reviendrai plus. Je n’ai pas de prétexte, je ne puis en inventer.

— Alors, il faut nous dire adieu.

— Non, je ne veux pas !

Elle prononça ces mots avec une colère épouvantée. Elle ajouta plus doucement, sans savoir ce qu’elle disait, sans quitter sa chaise :

— Je vais m’en aller.

Laurent songeait. Il pensait à Camille.