Page:Zola - Travail.djvu/140

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Le lendemain, le lundi, les Jordan devaient revenir à Beauclair par un train du soir. Et Luc passa la matinée à se promener dans le parc de la Crêcherie, un parc d’une quarantaine d’hectares au plus, mais dont la situation exceptionnelle, les sources ruisselantes les verdures admirables, faisaient un coin de paradis, célèbre dans toute la contrée.

La maison d’habitation, un bâtiment de briques assez étroit sans style, que le grand-père de Jordan avait construit du temps de Louis XVIII, sur l’emplacement de l’ancien château, brûlé pendant la Révolution, se trouvait adossée contre la rampe des monts Bleuses, une muraille escarpée et géante, qui faisait promontoire, au débouché de la gorge de Brias sur l’immense plaine de la Roumagne. Et le parc, abrité ainsi des vents du nord exposé au plein midi, semblait être une serre naturelle, où régnait un éternel printemps. Toute une végétation vigoureuse couvrait cette muraille de rochers, grâce aux ruisseaux qui en tombaient de partout, en cascades cristallines ; tandis que des sentiers de chèvre montaient, des escaliers taillés dans le roc, parmi des plantes grimpantes et des arbustes toujours verts. Puis, les ruisseaux se réunissaient, arrosaient d’une rivière lente le parc entier, de vastes pelouses, des bouquets de grands arbres, les plus beaux et les plus forts. D’ailleurs, Jordan, qui voulait laisser cette