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pas avoir été sérieusement troublée. Quelques querelles s’étaient seules produites, à cause de la présence de Nanet, qui vivait aussi là. D’ailleurs, lorsque Josine avait du chagrin, et qu’elle pleurait, elle fermait la fenêtre, pour qu’on ne l’entendit pas.

Une ombre avait passé sur le front de Luc, dans la joie qu’il avait toujours à visiter les ateliers, le matin.

«  C’est cela, Ragu, répondit-il simplement, je passerai chez vous.  »

Et la conversation cessa, le train de laminoirs s’était remis à fonctionner, couvrant les voix de son bruit de mastication géante. De nouveau, les lingots éblouissants passaient et repassaient, s’allongeaient à chaque course, jaillissaient en rails. Et sans cesse les rails s’ajoutaient aux rails, il semblait que la terre allait bientôt en être sillonnée de toutes parts, pour charrier à l’infini la vie décuplée et victorieuse.

Un instant encore, Luc regarda la bonne besogne, souriant à Bonnaire, encourageant d’un air de camarade Bourron et Ragu, s’efforçant de faire lever de chaque équipe de travailleurs toute une moisson d’amour, dans sa certitude que rien de solide ne pousse, quand on ne s’aime pas. Puis, il quitta les ateliers, il se rendit à la maison commune, comme il faisait chaque matin, pour visiter les écoles. S’il se plaisait dans les halles du travail, à rêver la paix future, il goûtait une joie d’espérance plus vive encore, au milieu du petit monde des enfants, qui étaient l’avenir.

Naturellement, cette maison commune n’était, jusque-là, qu’une vaste bâtisse, propre et gaie, où l’on n’avait guère visé qu’à la plus grande commodité pour le moins d’argent possible. Les écoles y tenaient toute une aile, en pendant avec la bibliothèque, les jeux et les bains, installés dans l’aile opposée  ; tandis que la salle des réunions et des fêtes, ainsi que certains bureaux, occupaient le