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Page:Zola - Travail.djvu/318

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dans ses couvertures, rêvant à quelque expérience commencée, semblait écouter avec un sourire vague.

Et ce fut particulièrement rude, un mardi, dans le petit salon en sortant de table. Hermeline avait entrepris Luc sur l’instruction telle qu’elle était donnée aux enfants de la Crêcherie, dans les cinq classes mixtes, et que coupaient des récréations prolongées et des heures nombreuses passées aux ateliers d’apprentissage. Cette école nouvelle, où l’on suivait une méthode diamétralement opposée à la sienne, lui avait pris des élèves, ce qu’il ne pardonnait pas. Et sa face anguleuse, au front osseux, aux lèvres minces blêmissait de colère contenue, à l’idée qu’on pouvait croire à une autre vérité que la sienne.

«  Je consentirais encore à ces garçons et à ces filles instruits en tas, bien que cela ne me paraisse guère propre. Les écoliers ont déjà assez d’instincts mauvais, d’imaginations diaboliques lorsqu’on sépare les sexes, sans qu’on aille concevoir l’extraordinaire idée de les réunir, pour les exciter et les pourrir davantage ensemble. Ça doit être gentil, les petits jeux dans les coins, dès qu’on tourne le dos… Mais ce qui est tout à fait inacceptable c’est l’autorité du maître détruite, c’est la discipline réduite à néant, du moment qu’on fait appel à la personnalité de ces bambins et qu’on les laisse se diriger eux-mêmes, selon leur bon plaisir. Ne m’avez-vous pas dit que chaque élève suit son penchant, se consacre à l’étude qui lui plaît, reste libre de discuter sa leçon  ? Vous appelez cela susciter des énergies… Et puis, qu’est-ce que c’est que des études où l’on joue toujours, où les livres sont méprisés, où la parole du maître n’est plus infaillible, où le temps qu’on ne passe pas au jardin on le passe dans des ateliers, à raboter du bois ou à limer du fer  ? Certes, un métier manuel est bon à apprendre, mais il y a temps pour tout, et commencez-moi donc par faire entrer, dans le crâne dur de ces paresseux, le plus de grammaire