Page:Zola - Travail.djvu/340

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Dès lors, Luc, le constructeur, le fondateur de ville, se retrouva, voulut, agit, et les hommes et les pierres se levèrent à sa voix. On vit l’apôtre dans sa mission, dans sa force, dans sa gaieté. Il était très gai, il menait la lutte de la Crêcherie contre l’Abîme avec une allégresse triomphante, conquérant peu à peu les êtres et les choses, grâce au besoin d’affection et de bonheur qu’il épandait autour de lui Sa ville fondée devait lui rendre Josine. Avec Josine, seraient sauvés les misérables de toute la terre. Il avait mis là sa foi, et il travaillait par et pour l’amour, certain de vaincre.

Justement, un clair jour de ciel bleu, il tomba sur une scène, qui l’égaya encore, en lui remplissant le cœur de tendresse et d’espérance. Comme il faisait le tour des dépendances de l’usine, désireux de tout surveiller, il fut surpris d’entendre des voix légères, de frais éclats de rire, venir d’un coin du domaine, au pied de la rampe des monts Bleuses, à l’endroit où un mur séparait les terrains de la Crêcherie des terrains de l’Abîme. Et, s’étant approché prudemment, voulant voir sans être vu, il eut le spectacle délicieux d’une bande d’enfants, en train de jouer librement sous le soleil, rendus à toute l’innocence fraternelle de la terre.

En deçà du mur, Nanet, qui venait journellement à la Crêcherie retrouver des camarades, était là avec Lucien et Antoinette