Page:Zola - Travail.djvu/374

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nous causerons si vous le désirez, quand vous serez plus calme.  »

D’un bond il lui barra le chemin.

«  Non, non  ! écoute j’ai à te dire…  »

Dans sa crainte, elle lâchait son peignoir mal attaché, il voyait un peu de sa gorge, d’une finesse de soie. Surtout, il la sentait nue sans corset, sans jupon, à peine enveloppée de ce vêtement flottant, qu’un seul geste de ses mains rudes arracherait. Et elle sentait bon, elle était encore tout odorante et toute moite du lit, et elle achevait de le mettre en démence par l’étrangeté de sa venue cette chair blanche, cette femme toute blanche qui tombait dans son enfer noir, aux rouges flammes.

«  Écoute, c’est toi qui le dis, les beaux messieurs cajolent nos femmes et leur font des enfants… Alors, dis donc, c’est bien juste que nous leur rendions ça et que ce soit, des fois, le tour à leurs femmes d’y passer.  »

Elle avait compris, il la poussait vers la baraque de planches, ce vestiaire immonde, ce trou de ténèbres où des loques étaient jetées, dans un coin. Elle aussi perdit la tête, se débattit, révoltée terrifiée à l’approche de la monstrueuse étreinte.

«  Laissez-moi, je vais crier  !

— Tu ne crieras pas, tu ne feras pas venir le monde, bien sûr. C’est toi qui serais la plus attrapée.  » Et il la poussait toujours, brutalement, avec sa mâchoire en avant, ses mains dures qui la violentaient et déjà la fouillaient. Tout un fumet de fauve s’exhalait de lui, de sa peau claire, qu’elle revoyait par l’écartement de la chemise. Son enragée besogne de la nuit, la sueur dont elle l’avait inondé, le trempait, l’enfiévrait encore, le sang comme cuit par le four, d’une chaleur amassée, brûlante en ses veines. Et elle-même se sentait défaillir