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Page:Zola - Travail.djvu/373

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«  Mais que m’a-t-on dit  ? Je croyais cette question de l’enfant réglée. Est-ce que le père ne doit pas le prendre et subvenir à tous ses besoins  ?

— Comment ça  ?

— Mais oui le maître de la Crêcherie, ce M. Luc, le père enfin  !

— Comment le père  ?   » Ragu, stupide, ne comprenant pas, s’était rapproché, avançait sa face suante, brûlante, tout près de ce visage délicat de femme, de cette bouche fraîche d’où sortaient des choses si étranges.

«  Vraiment, ce n’est pas vrai  ? Vous ne savez rien  ? Oh  ! mon Dieu  ! quel regret d’avoir trop parlé  ! On m’avait dit que vous étiez tombé d’accord avec ce M. Luc, et que vous garderiez la femme, à la condition qu’il prendrait l’enfant, puisque c’est lui qui l’a fait.  »

Un tremblement agitait Ragu, ses yeux devenaient fous, tandis qu’il avançait toujours davantage sa mâchoire convulsée. Et, rageusement, il grogna, perdant tout respect, car il n’y avait plus là qu’une femelle et qu’un mâle.

«  Que me racontes-tu, dis  ? Qu’est-ce que tu es venue me raconter là  ? Tu voulais me mettre ça dans la main, le M. Luc qui a couché avec ma femme  ; et c’est bien possible, c’est même certain, parce que, maintenant, je vois clair, et que tout s’explique. N’aie pas peur, le M. Luc aura son compte, je m’en charge… Mais toi, dis  ? pourquoi es-tu venue, pourquoi as-tu fait ça  ?   »

Il lui soufflait au visage une haleine si terrible, qu’elle s’effraya, sentant bien qu’il devenait son maître, que toute son adresse enveloppante de femme n’aurait plus d’action sur cette brute lâchée. Elle voulut battre en retraite.

«  Vous perdez la raison, Ragu, et vous viendrez,