Page:Zola - Travail.djvu/515

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que les cultivateurs tireraient de la terre, quand ils se mettraient d’accord pour l’aimer en hommes de science et de méthode. Chez ce simple fermier, d’abord dur et rapace comme tous ceux de sa classe, l’amour vrai de cette terre, qui, depuis des siècles, usait si douloureusement ses ancêtres, semblait avoir suffi pour l’éclairer enfin, lui faire entrevoir le salut, la paix entre les paysans de bonne volonté, l’effort mis en commun, la terre redevenue une mère unique, labourée  ; ensemencée, moissonnée par une même famille. Et il avait assisté à la réalisation de son rêve, il avait vu les champs des voisins se joindre aux champs des voisins, la ferme de la Guerdache se fondre dans la commune des Combettes, d’autres petites communes se réunir à celle-ci, tout un domaine vaste se créer, se mettre en marche, en s’augmentant ainsi de proche en proche, pour la conquête totale de la plaine immense de la Roumagne. Avec Lenfant et Yvonnot, les fondateurs de l’association, Feuillat, qui en était resté l’âme, formait une sorte de conseil des anciens, que l’on consultait sur toutes choses, et dont on se trouvait bien de suivre les avis. Aussi, lorsque le mariage du fils de Lenfant, Arsène, avec Eulalie Laboque, fut décidé, et que le frère de cette dernière, Auguste, voulut célébrer en même temps son propre mariage, avec Marthe Bourron, Feuillat eut l’idée, acceptée, acclamée par tous, de faire une grande et belle fête, qui serait comme la fête même des Combettes pacifiées, enrichies, triomphantes. On y boirait à la fraternité du paysan et de l’ouvrier industriel, qu’on opposait jadis si criminellement l’un à l’autre, et dont l’alliance pouvait seule fonder la richesse, la paix sociales. On y boirait aussi à la fin de tous les antagonismes, à la disparition de ce commerce barbare perpétuant la lutte haineuse entre le marchand qui vend l’outil le paysan qui fait pousser le blé, et le boulanger qui revend le pain renchéri