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Page:Zola - Travail.djvu/561

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Avant de rentrer, Luc voulut donner un dernier coup d’œil à la batterie de fours électriques, qui avait remplacé le haut fourneau de Morfain. Justement, sous le hangar aux vitres claires, dans un grand rayon de soleil, la batterie fonctionnait. Toutes les cinq minutes, le mécanisme chargeait les fours, après que le trottoir roulant avait emporté les dix gueuses, dont la gaieté de l’astre faisait pâlir le flamboiement. Et il y avait encore là deux jeunes filles veillant aux appareils électriques, toutes deux d’une vingtaine d’années, l’une d’un blond délicieux, Claudine, née de Lucien Bonnaire et de Louise Mazelle, l’autre d’un noir superbe, Céline, née d’Arsène Lenfant et d’Eulalie Laboque. Attentives à donner et à supprimer le courant, elles ne purent que sourire à Luc. Mais il y eut un repos, et elles s’avancèrent, en apercevant tout un groupe d’enfants, qui s’arrêtaient curieusement au seuil du hangar.

«  Bonjour, mon petit Maurice  ! bonjour, mon petit Ludovic  ! bonjour, ma petite Aline  ! … Les classes sont donc finies, que vous venez nous voir  ?   »

On permettait ainsi aux écoliers, en manière de récréation, de courir librement à travers l’usine, dans l’idée qu’ils s’y familiarisaient avec le travail, tout en y acquérant des notions premières.

Luc, heureux de revoir son petit-fils Maurice, fit entrer toute la bande. Et il répondit aux questions nombreuses, il expliqua le mécanisme des fours, il fit même fonctionner les appareils, pour montrer aux enfants comment il suffisait que Claudine, ou Céline, tournât un petit levier, pour mettre le métal en fusion et le faire couler en un jet éblouissant.

«  Oh  ! je sais, j’ai déjà vu ça, dit Maurice, avec l’importance d’un petit homme, dont les neuf ans avaient appris beaucoup de choses. Grand-père Morfain, un jour, m’a tout montré… Mais, dis-moi, grand-père Froment,