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Page:Zola - Travail.djvu/60

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en acier. L’opération entière demandait quatre heures, et la dure besogne était ce brassage, après les premières heures d’attente. Tenant des deux mains un ringard de cinquante livres, le maître puddleur, dans la cuisante réverbération, brassait pendant vingt minutes la matière incandescente, sur la sole du four. À l’aide du crochet, il en raclait le fond, pétrissait l’énorme boule pareille à un soleil, que lui seul pouvait regarder, avec ses yeux durcis à la flamme, sachant où en était le travail, selon la couleur. Et, quand il le retirait, le ringard était rouge, fleuri d’étincelles.

D’un geste, Bonnaire donna l’ordre à son chauffeur d’activer le feu, tandis que l’autre ouvrier, le compagnon puddleur, prenait un ringard, pour « faire un crochet » à son tour, selon le terme en usage.

« Vous êtes bien M. Bonnaire ? » demanda Luc, qui s’était approché.

Surpris, l’ouvrier répondit affirmativement, d’un signe de tête. Vêtu d’une chemise et d’une simple cotte, il était superbe, le cou blanc, la face rose, dans l’effort vainqueur et dans l’ensoleillement de la besogne. Âgé de trente-cinq ans à peine, c’était un colosse blond, aux cheveux coupés ras, à la face large, massive et placide. Et, de sa grande bouche ferme, de ses gros yeux tranquilles émanaient de la droiture et de la bonté.

« Je ne sais si vous me reconnaissez, continua Luc. Je vous ai vu ici, l’été dernier, j’ai causé avec vous.

— Parfaitement, répondit enfin le maître puddleur. Vous êtes un ami de M. Jordan. »

Mais, lorsque le jeune homme, un peu gêné, lui eut expliqué le motif de sa visite, ses rencontres, ce qu’il avait vu, la misérable Josine à la rue, la bonne action que lui seul pouvait faire sans doute, l’ouvrier retomba dans son silence, l’air embarrassé, lui aussi. Tous deux se taisaient, il y eut une attente, que prolongea la danse claire