Page:Zola - Travail.djvu/88

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— Elle attend dans l’escalier, avec Nanet », dit le maître puddleur.

Alors, Ragu ouvrit la porte toute grande, pour appeler violemment :

« Josine ! Josine ! »

Personne ne répondit, aucun souffle ne vint des ténèbres épaisses de l’escalier. Et, dans la faible lueur que la lampe à pétrole projetait sur le palier, on ne vit que Nanet, debout, qui semblait guetter et attendre.

« Ah ! te voilà, toi, bougre de mioche ! cria Ragu. Qu’est-ce que tu fiches là ? »

L’enfant ne se déconcerta pas, n’eut pas même un mouvement de recul. Se redressant dans sa petite taille, haut comme une botte, il répondit bravement :

« Moi, j’écoutais, pour savoir.

— Et ta sœur, où est-elle ? Pourquoi ne répond-elle pas quand on l’appelle ?

— Ma grande, elle était en haut avec moi, assise sur une marche. Mais, lorsqu’elle t’a entendu entrer ici, elle a eu peur que tu ne montes la battre, et elle a préféré redescendre, pour filer à l’aise, si tu étais méchant. »

Cela fit rire Ragu. La crânerie de l’enfant l’amusait.

« Toi, tu n’as donc pas peur ?

— Moi, si tu me touches, je vas crier si fort, que ma grande sœur sera avertie et qu’elle filera. » Complètement radouci, l’homme alla se pencher, pour appeler de nouveau.

« Josine ! Josine !… Voyons, monte, ne fais pas la bête. Tu sais bien que je ne vais pas te tuer. »

Le même silence de mort régna, rien ne bougea, rien ne monta des ténèbres. Et Luc, dont la présence n’était plus nécessaire, prit congé, en saluant la Toupe, qui, les lèvres pincées, inclina sèchement la tête. Les enfants avaient fini par se rendormir. Le père Lunot, sa pipe é