vrai coupable. Mais que résoudre, comment livrer des religieux, sans craindre de nuire à la religion ? Son courage ne pouvait aller jusque-là. Et il eut certainement une grande amertume, dans son silence forcé, inquiet lui aussi de l’aventure monstrueuse et tragique où l’on engageait l’Église de son rêve, faite de paix, d’équité et de bonté.
Pourtant, Mgr Bergerot ne se résigna pas complètement. L’idée d’abandonner son cher abbé Quandieu, de laisser achever sa ruine par ceux qu’il nommait les marchands du Temple, lui était insupportable. Et il profita d’une tournée pastorale, il vint à Maillebois, où il voulut officier lui-même, pour rendre toute sa gloire à l’antique et noble église Saint-Marin, dont la nef datait du quatorzième siècle. Puis, au cours de l’allocution qu’il prononça, il osa blâmer les superstitions grossières, il désigna même nettement le commerce auquel se livraient les capucins, dans leur chapelle, d’une prospérité de bazar. Personne ne s’y trompa, tout le monde sentit le coup porté, non seulement au père Théodose, mais derrière lui, au père Crabot en personne. Et, monseigneur ayant terminé par l’espoir que l’Église de France resterait la pure source de toute vérité et de toute justice, le scandale fut plus grand encore, car on vit là une allusion à l’affaire Simon, on l’accusa de jeter les frères de la Doctrine chrétienne aux juifs, aux vendus et aux traîtres. Rentré dans son palais épiscopal, Mgr Bergerot dut trembler de son courage, devant le surcroît d’amertume dont on l’abreuvait, et des intimes racontèrent la visite de remerciement de l’abbé Quandieu, pendant laquelle l’archevêque et le simple curé avaient pleuré ensemble.
À Beaumont, l’agitation croissait, à mesure que se rapprochait la session de la cour d’assises. La chambre des mises en accusation avait renvoyé le dossier au Parquet,