Page:Zola - Vérité.djvu/148

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fouillant les coins, flairant l’air, se pénétrant des choses monstrueuses rêvées. Mais la fin de l’audience ne fut plus occupée que par l’audition de quelques témoins de la défense, des témoins de moralité, parmi lesquels se trouvait Marc, et qui tous vinrent dire quel homme de douceur et de bonté était Simon, son amour, son adoration pour sa femme et ses enfants. Un seul de ces témoins retint un instant l’attention, l’inspecteur primaire Mauraisin, à qui Delbos avait volontairement causé le gros ennui de le citer. Mauraisin, représentant officiel de l’Université, partagé entre son désir d’être agréable aux anti-simonistes et sa crainte de déplaire à son chef immédiat, l’inspecteur d’académie Le Barazer, qu’il savait discrètement simoniste, dut reconnaître d’abord l’excellence des notes données par lui à Simon, et ne put ensuite se rattraper que par de vagues insinuations sur la moralité, la sournoiserie du caractère, la violence sectaire des passions religieuses.

Le jeudi et le vendredi furent occupés par le réquisitoire de La Bissonnière et par la plaidoirie de Delbos. Pendant les débats, La Bissonnière avait affecté d’intervenir le moins possible, prenant des notes, regardant ses ongles. Au fond, il n’était pas sans malaise, il devait se demander s’il ne lâcherait pas certaines charges, devant la trop grande fragilité des preuves. Aussi se montra-t-il assez terne dans son réquisitoire. Il se contenta, pour soutenir l’accusation, de faire valoir toute la vraisemblance de la culpabilité. Et il termina en demandant simplement l’application de la loi. Il avait parlé pendant deux heures à peine, le succès fut médiocre, l’inquiétude grande. Puis, la fin de l’audience ne put suffire à Delbos, il n’acheva sa plaidoirie que le lendemain. Très maître de lui, sec et nerveux, il commença par un portrait de Simon, qu’il montra dans son école, estimé, aimé, ayant à son foyer une femme adorable, des enfants délicieux. Ensuite,