Page:Zola - Vérité.djvu/198

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la vérité certaine, de la crier ensuite et de l’enseigner à tous.

Comme Marc levait les yeux, il vit à l’horloge de la gare qu’il était quatre heures passées. Le train de quatre heures venait de partir, il faudrait attendre celui de six heures. Et, presque aussitôt, il aperçut Geneviève qui arrivait, désolée tenant dans ses bras la petite Louise, pour aller plus vite.

— Ah ! mon ami, excuse-moi, j’ai totalement oublié l’heure… Grand-mère me retenait, paraissait si fâchée de voir mon impatience à te rejoindre, que j’ai fini par ne plus avoir conscience du temps.

Elle s’était assise près de lui, sur le banc, en gardant Louise sur les genoux. Lui, souriant, se pencha, baisa l’enfant qui avait tendu ses menotte, pour lui prendre la barbe.

Et tranquillement :

— Nous attendrons six heures, ma chérie. Personne ne nous gêne, nous allons rester là… D’autant plus que j’ai quelque chose à te dire.

Mais Louise ne l’entendait point ainsi, elle voulait jouer, elle avait sauté au cou de son père et elle lui piétinait les cuisses.

— A-t-elle été sage ?

— Oh ! sage, elle l’est toujours chez grand-mère, elle a peur d’être grondée… Aussi, vois-tu, elle se rattrape.

Puis, quand elle eut réussi à reprendre l’enfant, ce fut elle qui demanda :

— Qu’as-tu donc à me dire ?

— Une chose dont je ne t’ai pas parlé encore, parce que je n’étais pas décidé… On m’offre la situation d’instituteur, ici, à Maillebois, et je vais accepter. Qu’en penses-tu ?

Elle le regarda, saisie, sans pouvoir répondre tout de suite. Et il vit clairement passer dans ses yeux, d’abord