des malades, Napoléon passant à cheval sur un champ de bataille. Toujours le miracle et la force, toujours le mensonge religieux et la violence militaire, donnés en exemple, jetés en semence dans les cerveaux des enfants, des citoyens de demain ! Est-ce que tout cela n’était pas à changer ? Est-ce qu’il ne fallait pas reprendre l’instruction et l’éducation à la base par des leçons de vérité et de solidarité, si l’on voulait enfin des hommes intelligents et libres, capables de justice ?
La première classe se passa de la sorte, une installation douce et ferme de Marc, au milieu de ses nouveaux élèves, que semblait animer un souffle de curiosité et de révolte. Et, dès lors, la conquête pacifique qu’il voulait faire d’eux, de leur cerveau et de leur cœur, commença, se poursuivit patiemment pendant toutes les autres classes. Au début, il éprouva parfois de secrètes amertumes, son esprit retourna souvent aux élèves aimés, déjà fils de son intelligence, qu’il avait laissés à Jonville et qu’il savait désormais aux mains d’un instituteur inquiétant, son ancien camarade Jauffre, dont il connaissait l’esprit d’intrigue, le besoin de succès immédiat. C’était un peu son remords, d’avoir ainsi livré son œuvre, si heureusement commencée là-bas, à un successeur qui ne pouvait que la détruire ; et il fallait, pour l’en consoler, la certitude d’être venu reprendre, à Maillebois, une autre œuvre nécessaire, plus pressante encore. Puis, à mesure que les jours coulaient, que les classes succédaient aux classes, il se passionna davantage, il fut tout à sa besogne, avec sa foi enthousiaste en sa mission.
Au lendemain des élections générales, qui eurent lieu en mai, le calme se fit brusquement. Jusque-là, on avait invoqué la nécessité de se taire, de ne pas provoquer le pays, par crainte d’aboutir à des élections exécrables, dangereuses pour la République ; et, tout de suite après les élections, qui reconstituèrent identiquement la même