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Page:Zola - Vérité.djvu/224

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classe. On ne put savoir si ce fut par ignorance ou par malice qu’il répondit : — Oh ! très beau, monsieur.

Toute la classe, égayée, se roula sur les bancs.

— Mais non, mais non, mon enfant, Marat était un être hideux, qui avait sur le visage tous les vices et tous les crimes !

Et, se tournant vers Marc il eut la maladresse d’ajouter :

— Ce n’est pas vous, je pense, qui leur enseignez la beauté de Marat ?

— Non, monsieur l’inspecteur, répondit le maître en souriant.

De nouveaux rires éclatèrent. Il fallut que Mignot passât parmi les bancs pour rétablir l’ordre, pendant que Mauraisin, vexé, s’entêtant sur Marat, en venait à Charlotte Corday. Et la malchance encore le fit s’adresser à Fernand Bongard, un grand de onze ans passés, qu’il jugeait sans doute plus instruit.

— Vous, là-bas, le gros garçon, pouvez-vous me dire comment est mort Marat ?

Il tombait fort mal, Fernand avait une peine extrême à apprendre, la tête dure, sans aucune bonne volonté d’ailleurs, et brouillé surtout avec les noms et les dates de l’histoire. Il s’était levé, ahuri, les yeux ronds.

— Voyons, remettez-vous, mon enfant. Marat n’est-il pas mort dans des circonstances particulières ?

Fernand restait muet, la bouche béante. Par derrière un camarade compatissant lui souffla : « Dans un bain. » Alors, d’une voix forte, il se décida.

— Marat s’est noyé en prenant un bain.

Cette fois, ce fut du délire, pendant que Mauraisin s’emportait.

— En vérité, ces enfants sont stupides… Marat fut tué