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Page:Zola - Vérité.djvu/292

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pour diaboliques, dénoncées comme des ruses de Satan, contre lesquelles on recommandait la prière, les mortifications, surtout l’abstention totale de l’acte. Et il s’agissait d’écraser le sexe dans la femme, la femme idéale était désexuée, la vierge trônait en reine des cieux, grâce au miracle imbécile d’avoir enfanté sans avoir cessé d’être vierge. Puis, voilà que l’Église avait compris l’irrésistible toute-puissance sexuelle de la femme sur l’homme, et malgré sa répugnance et sa terreur du sexe, elle avait fini par se servir du sexe pour agir sur l’homme, le reconquérir et l’enchaîner. C’était toute une armée, ce troupeau de femmes, affaiblies par une éducation déprimante, terrorisées par la peur de l’enfer, devenues des serves sous la haine et la dureté du prêtre ; et, puisque l’homme ne croyait plus, s’écartait de l’autel, on pouvait tenter de l’y ramener, en employant à cette besogne le charme satanique et toujours victorieux de la femme : elle n’avait qu’à se refuser, il la suivrait jusqu’au pied de la croix. Sans doute, l’obstacle d’immorale inconséquence était vif, mais le catholicisme n’avait-il pas perdu de sa primitive rudesse et les jésuites n’étaient-ils pas nés pour lutter sur ce nouveau terrain de la casuistique et des accommodements avec le monde ? Dès ce moment, l’Église avait manié la femme d’une main plus douce, plus adroite. Si elle la repoussait toujours à titre d’épouse, dans son dégoût peureux du plaisir condamné, elle employait ce plaisir à son propre triomphe. Sa politique était d’abord de garder la femme toute à elle, en continuant à l’hébéter, en la maintenant à l’état d’éternelle enfance. Elle en faisait ensuite une arme de guerre, certaine de vaincre l’homme incroyant par la femme pieuse. Elle avait par elle un continuel témoin au foyer domestique, elle agissait même jusque dans l’alcôve, quand il fallait réduire l’homme aux pires angoisses. Et la femme, ainsi, était toujours la bête de luxure, dont