Page:Zola - Vérité.djvu/30

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frère Fulgence ne tardèrent pas à rejoindre ces derniers. Quand les magistrats reparurent, ils avaient relevé toutes les conditions matérielles du crime, ils étaient instruits des moindres circonstances déjà connues. Et ils rapportaient le numéro du Petit Beaumontais et le modèle d’écriture, auxquels ils paraissaient attacher une importance extrême. Aussi, tout de suite, s’asseyant à la table du maître, examinèrent-ils ces deux pièces, les discutant, montrant surtout le modèle aux deux instituteurs, Simon et Marc, ainsi qu’à l’institutrice et aux religieux. Ce n’était d’ailleurs qu’à titre de renseignements, aucun greffier n’étant là pour prendre les interrogatoires.

— Oh ! répondit Marc, ces modèles sont d’un usage courant dans toutes les écoles, aussi bien dans les écoles laïques que dans les écoles congréganistes.

Parfaitement, confirma le frère Fulgence, on trouverait les mêmes chez nous, de même qu’ils doivent exister ici.

La Bissonnière voulut préciser.

— Mais, demanda-t-il à Simon, vous souvenez-vous d’avoir mis celui-ci dans les mains de vos élèves ? « Aimez-vous les uns les autres », cela aurait dû vous frapper.

— Jamais ce modèle n’a servi dans ma classe, répondit nettement Simon. Comme vous le dites très bien, monsieur, je me souviendrais.

Et, le procureur de la République ayant posé la même question au frère Fulgence, celui-ci eut d’abord une légère hésitation.

— J’ai trois frères avec moi, les frères Isidore, Lazarus et Gorgias, et il m’est difficile de rien affirmer.

Puis, dans le grand silence qui se faisait :

— Non, non, jamais ce modèle n’a existé chez nous, il m’aurait passé sous les yeux.

Les magistrats n’insistèrent pas, se réservant, désireux même