maris partagent la foi ! J’en vois à l’église que leurs maris accompagnent, et combien cela doit être suave de se remettre ensemble aux mains de Dieu ! Ces ménages bénis n’ont vraiment qu’une âme, il n’est pas de félicités dont le ciel ne les comble.
Marc ne put s’empêcher d’avoir un léger rire, très doux et très navré.
— Ma pauvre femme, voilà que tu vas tenter de me convertir.
— Mais où serait le mal ? répliqua-t-elle vivement. Crois-tu que je ne t’aime pas assez pour ressentir une douleur affreuse du péril mortel où tu es ? Sans doute, tu ne crois pas aux châtiments futurs, tu braves la colère divine. Moi, il n’est pas de jour où je ne supplie le ciel de t’éclairer, et je donnerais dix ans de ma vie, oh ! de grand cœur, pour t’ouvrir les yeux et t’arracher aux effroyables catastrophes qui te menacent… Ah ! si tu m’aimais, et si tu m’écoutais, et si tu me suivais au pays des délices éternelles !
Elle tremblait toute dans ses bras, elle s’embrasait d’une telle fièvre de désir surhumain, qu’il en restait saisi, n’ayant pas cru jusque-là le mal si profond. C’était elle qui le catéchisait à présent, et il en éprouvait une honte, car ne faisait-elle pas là ce qu’il aurait dû faire, dès le premier jour, en tâchant de l’amener à sa foi ? Il pensa tout haut, il eut le tort de dire :
— Ce n’est pas toi qui parles, on t’a chargée là d’une mission bien dangereuse pour notre bonheur à tous deux.
Alors, elle commença de s’irriter.
— Pourquoi me blesses-tu, en me croyant incapable d’agir de ma propre initiative, par conviction et par tendresse ? Suis-je donc sans intelligence, stupide et docile au point de n’être qu’un instrument ? Et, si des personnes infiniment respectueuses, dont tu méconnais le caractère sacré, s’intéressent à toi, me parlent de toi en des termes