Page:Zola - Vérité.djvu/403

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Une brusque douleur fit crier Marc.

— Mais c’est un crime que vous avez commis là ! On ne baptise pas un enfant sans la volonté de son père, on ne l’enlève pas ainsi, comme en un rapt prémédité… Geneviève, Geneviève qui a nourri Louise, dans une telle allégresse maternelle, ne nourrira pas son petit Clément !

Très maîtresse d’elle toujours, avec un sourd grondement de vieille rancune satisfaite, à le voir souffrir, Mme Duparque répondit :

— Une mère catholique a toujours le droit de faire baptiser son enfant, surtout lorsqu’elle se doute que le salut de celui-ci peut être mis en péril par l’incroyance du père. Et quant à le garder ici, il n’y fallait pas songer, car cela n’aurait sans doute rien valu, ni pour lui, ni pour personne.

C’était bien ce que Marc avait pensé, l’enfant du démon attendu comme un Antéchrist, qu’il devenait nécessaire de baptiser et d’éloigner au plus tôt, si l’on voulait éviter de grands malheurs. Plus tard, on le reprendrait, on tâcherait de le consacrer à Dieu, d’en faire un prêtre, afin d’apaiser la colère divine. Ainsi, la petite maison pieuse de la place des Capucins n’aurait pas la honte de l’abriter, son père ne la souillerait pas de sa présence en venant l’y embrasser, sa mère surtout serait délivrée du remords de l’avoir conçu, du moment où il ne se trouverait plus là, continuellement sous ses yeux.

Marc qui, d’un effort, s’était calmé, déclara nettement :

— Je veux voir Geneviève.

Mais, avec une décision égale, madame Duparque dit à son tour :

— Vous ne pouvez la voir.

— Je veux voir Geneviève, répéta-t-il. Où est-elle ? là-haut, dans son ancienne chambre. Je la trouverai bien.