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Page:Zola - Vérité.djvu/402

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brusquement, à sa vue, la grand-mère s’était levée toute droite, stupéfaite, outrée.

— Comment ! vous vous permettez, monsieur… Que voulez-vous ? que venez-vous faire ici ?

La violence incroyable de cet accueil, lorsque lui-même accourait avec un si légitime sujet de colère, l’arrêta, lui rendit son calme.

— Je viens voir mon enfant… Pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu ?

La vieille femme était restée debout, rigide, et elle aussi parut comprendre que l’emportement serait pour elle une cause d’infériorité.

— Je n’avais pas à vous prévenir… J’attendais que Geneviève me demandât de le faire.

— Elle ne l’a donc pas demandé ?

— Non.

Tout d’un coup, il croyait comprendre. l’Église ne s’était pas seulement efforcée de tuer l’amante chez sa femme, elle avait encore voulu tuer la mère. Pour que celle-ci, à la veille des couches, ne fût pas revenue près de lui, selon son espoir, pour qu’elle se fût comme cachée, assombrie, honteuse, avant d’enfanter de ses œuvres, il fallait bien qu’on lui eût fait un crime de ce triste enfant de querelle qui allait naître. On avait dû, pour la garder, lui en donner la crainte et l’horreur, ainsi que d’un péché dont elle ne pourrait être absoute, si elle n’achevait pas de couper tous les liens de chair qui l’avaient unie au démon.

— C’est un garçon ? demanda-t-il.

— Oui, un garçon.

— Où est-il ? je veux le voir et l’embrasser.

— Il n’est plus ici.

— Comment, plus ici ?

— Non, hier il a été baptisé, sous le nom du bienheureux saint Clément, et il est parti en nourrice.