Page:Zola - Vérité.djvu/470

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du salon, l’y retint, avec un fin sourire, comme sous le coup d’une inspiration brusque.

— Mon cher monsieur Froment, je vais être indiscret… Lorsqu’on est venu m’annoncer votre présence, j’étais avec une personne, un important personnage, qui s’est écrié : « Oh ! monsieur Froment, je serais si heureux de causer un instant avec lui ! » Un cri du cœur, vraiment.

Il se tut, attendit quelques secondes, espérant être interrogé. Puis, devant le silence de Marc, il s’égaya, parut tourner la chose en plaisanterie.

— Votre surprise serait grande, si je vous disais le nom du personnage.

Et, comme il le voyait toujours grave, sur la défensive, il lâcha tout.

— Le père Crabot, hein ! vous ne vous y attendiez guère… Oui, le père Crabot est venu par hasard déjeuner ce matin. Vous savez qu’il fait à ma fille l’honneur de l’aimer beaucoup et de fréquenter sa maison. Alors, le père Crabot m’a donc témoigné le désir de s’entretenir avec vous. En dehors des opinions qui peuvent vous séparer, c’est un homme du plus rare mérite. Pourquoi refuseriez-vous de le voir ?

Marc, comprenant enfin, soulagé, et la curiosité éveillée de plus en plus, répondit tranquillement :

— Mais je ne refuse pas de voir le père Crabot. S’il a quelque chose à me dire, je l’écouterai volontiers.

— Très bien ! très bien ! cria le baron, enchanté du succès de sa diplomatie, je vais le prévenir.

De nouveau, deux portes se rouvrirent coup sur coup, un bruit confus de voix parvint jusqu’au petit salon. Puis, tout retomba dans le silence, et l’attente de Marc fut assez longue. Comme il s’était approché de la fenêtre, il vit sortir, sur une terrasse voisine, les personnes dont il venait d’entendre les voix. Il reconnut Hector de Sanglebœuf et sa femme, la toujours belle Lia, accompagnés