Aller au contenu

Page:Zola - Vérité.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

allait à des pratiques religieuses, de plus en plus exaspérées et rudes, comme à des stupéfiants plus forts, dont elle avait besoin pour endormir l’amertume, la révolte de ses désillusions croissantes. Tout l’indiquait, le réveil déjà de la mère en elle, le petit Clément qu’elle avait repris, dont elle se préoccupait, la chère Louise qui redevenait sa consolation, si tendrement diplomatique, exerçant sur elle une douce influence de guérison, en la ramenant chaque jour un peu au père, à l’époux. Puis, c’étaient les fâcheries commençantes avec la terrible grand-mère, la petite maison de la place des Capucins où elle finissait par ne plus pouvoir vivre, tellement elle s’y mourait de froid, de silence et d’ombre. Et la crise venait d’aboutir à cette suprême tentative, ce missionnaire tout-puissant, en qui elle avait mis sa foi, puisque ni l’abbé Quandieu, ni le père Théodose n’avaient pu lui donner Jésus, ce confesseur miraculeux qu’elle était accourue consulter secrètement, pour n’en être point empêchée, et dont elle avait obtenu l’unique soulagement dérisoire d’un régime de pratiques enfantines !

— Mais, ma Geneviève, cria de nouveau Marc, emporté, perdant toute prudence, c’est notre foyer qui te manque, si tu es ainsi désemparée, torturée ! Tu es trop malheureuse, reviens, reviens, je t’en conjure !

Elle se raidit dans son orgueil, elle répéta :

— Non, non ! jamais je ne retournerai près de toi… Je ne suis pas malheureuse, ce n’est pas vrai. Je suis punie de t’avoir aimé, d’avoir été de ta chair et de ton crime. Grand-mère, quand j’ai la faiblesse de me plaindre, a raison de me le rappeler. J’expie ton enfer, c’est moi que Dieu frappe pour te châtier, et c’est ton poison qui me brûle, sans espoir de soulagement.

— Mais, pauvre femme, tu dis là des choses monstrueuses. On te rend folle. Et, s’il est bien certain que j’ai mis en toi une moisson nouvelle, c’est justement sur