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Page:Zola - Vérité.djvu/514

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dut revenir appuyer la démonstration de Mignot, et il se rencontra un instant à la barre avec l’inspecteur primaire Mauraisin, qui, prié de donner son opinion sur l’accusé et sur les témoins, crut se tirer d’affaire en faisant un éloge exagéré des mérites de Mlle Rouzaire, sans trop se prononcer contre Mignot, ni contre Marc, ni contre Simon lui-même, dans l’ignorance où il était de la façon dont l’affaire pouvait tourner.

Mais les deux audiences qui suivirent furent meilleures encore pour la défense. La question du huis-clos, qui avait passionné le public, au moment du premier procès, ne fut même pas posée, le président n’ayant point osé la soulever. Il interrogea donc publiquement les anciens élèves de Simon, autrefois des enfants, aujourd’hui des jeunes hommes, mariés presque tous. Fernand Bongard, Auguste et Charles Doloir, Achille et Philippe Savin, vinrent successivement dire le peu dont ils se souvenaient, des choses plutôt favorables à l’accusé ; et ainsi s’écroulait la légende abominable, créée à la faveur du huis-clos, les immondes détails donnés par ces enfants, et dont on ne pouvait souiller les oreilles d’un auditoire, où il y avait des femmes. Puis, les dépositions sensationnelles de l’audience furent celles de Sébastien et de Victor Milhomme. Sébastien, âgé déjà de vingt-deux ans, expliqua d’une voix émue son mensonge d’enfant, les alarmes de sa mère, ce faux témoignage qu’elle et lui avaient expié, après l’avoir longtemps porté comme un tourment. Et il rétablit les faits, le modèle d’écriture vu par lui entre les mains de son cousin Victor, disparu, retrouvé, livré enfin, lorsque sa mère, à son chevet d’agonisant, s’était crue punie de sa mauvaise action. Quant à Victor, pour être agréable à sa mère, désireuse de ne pas compromettre davantage la papeterie, il affecta un oubli total, l’intelligence un peu bornée d’un gros garçon qui ne se souvenait de rien. Sans doute, il avait apporté le