Page:Zola - Vérité.djvu/53

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relative était certainement due à l’adresse prudente de Simon, qui ménageait chacun, soutenu d’ailleurs ouvertement par Darras et sourdement par l’abbé Quandieu. Mais là, sur ce terrain de la rivalité des deux écoles, était à coup sûr la vraie bataille, le terrible et décisif assaut qui serait donné tôt ou tard, car les deux écoles ne pouvaient vivre côte à côte, il fallait de toute nécessité que l’une dévorât l’autre. L’église ne pourra vivre, le jour où elle perdra l’enseignement, l’asservissement obscur des humbles.

Pendant le premier déjeuner avec ces dames, dans l’étroite et morne salle à manger, Marc, que ses réflexions avaient de nouveau rendu soucieux, sentit augmenter son malaise. Mme Duparque racontait tranquillement que, si Polydor avait obtenu un prix, il le devait à une précaution pieuse de Pélagie, qui avait eu le soin de donner un franc à saint Antoine de Padoue. Et Mme Berthereau semblait approuver d’un hochement de tête convaincu. Geneviève elle-même ne se permit pas un sourire, l’air intéressé par ces contes merveilleux. La grand-mère continuait, citait des faits extraordinaires, des vies et des fortunes sauvées, grâce à des deux francs, à des trois francs encaissés par l’agence des capucins. Et l’on comprenait comment des fleuves d’or finissaient par couler chez eux, ainsi versés par petites sommes, tel un impôt qu’on lèverait sur la souffrance et sur l’imbécillité publiques.

Mais Le Petit Beaumontais, imprimé dans la nuit, venait d’arriver, et Marc fut heureux d’y trouver, à la suite d’un long article sur le crime de Maillebois, une note très favorable à Simon. On y lisait que l’instituteur, estimé de tous, avait reçu les plus touchants témoignages de sympathie, dans le grand malheur qui le frappait. Évidemment, quelque correspondant avait dû écrire cette note la veille, après la sortie tumultueuse de la distribution des