elle grandissait en raison solide et en claire intelligence, c’était pour elle un repos délicieux que ces deux mois d’intimité étroite avec son frère Clément, son père et sa mère. Clément allait avoir dix ans bientôt, et Marc le gardait simplement sur les bancs de son école, lui donnait d’abord cette instruction primaire qu’il aurait voulu généraliser, étendre à tous les enfants de la nation, sans distinction de classe, afin de baser ensuite sur elle, selon les aptitudes, les études générales et gratuites de l’enseignement supérieur. Plus tard, si son fils avait son goût, il rêvait modestement de le faire entrer à l’École normale de Beaumont, car, de longtemps, la véritable œuvre de salut serait encore dans les humbles écoles de village. Louise, elle aussi, s’en était tenue à l’ambition désintéressée de n’être qu’une petite institutrice primaire. Et, dès qu’elle fut sortie de l’École de Fontenay, avec son brevet supérieur et son certificat d’aptitude pédagogique, elle fut ravie d’être nommée adjointe à Maillebois, dans la classe de Mlle Mazeline, son ancienne maîtresse si aimée.
Louise avait alors dix-neuf ans. Salvan s’était employé auprès de Le Barazer pour obtenir cette nomination, qui d’ailleurs passa presque inaperçue. Les temps changeaient chaque jour davantage, on n’en était plus à l’époque délirante où les noms seuls de Simon et de Froment soulevaient des tempêtes, Et, six mois plus tard, cela enhardit Le Barazer, qui osa donner à Joulic, comme adjoint, Joseph, le fils de Simon. Joseph, sorti de l’École normale de Beaumont depuis deux ans, avec des notes excellentes, avait débuté à Dherbecourt. L’avancement était presque nul, mais il y avait du courage à le déplacer, à le mettre dans cette école de Maillebois, où sa présence allait être, pour son père, un commencement de réhabilitation. On cria bien un peu, la congrégation tenta d’ameuter les parents ; puis le nouvel adjoint plut beaucoup, très discret, très doux et