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Page:Zola - Vérité.djvu/602

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venaient rendre visite à leurs anciens maîtres, Marc et Salvan. Souvent aussi, Sarah accompagnait son frère Joseph, pour la joie de cette journée au plein air, dans une intimité tendre. Elle, depuis trois années, avait voulu rester avec ses grands-parents, les Lehmann, dont elle s’était plu à diriger l’atelier de couture, si active et si adroite, qu’elle finissait par rendre un peu de prospérité à la misérable boutique de la rue du Trou. Une clientèle était revenue, et elle avait gardé les commandes des grands magasins de Paris, prenant des ouvrières, les associant en une sorte de groupe coopératif. Mme Lehmann venait de mourir, le vieux Lehmann, âgé de soixante-quinze ans, n’avait plus qu’un chagrin, celui d’être trop âgé, pour espérer voir jamais la réhabilitation de Simon. Chaque année, il allait vivre quelques jours près de ce dernier, au fond des Pyrénées ; il embrassait sa fille Rachel, il embrassait David, et il revenait heureux de les avoir trouvés tous les trois au travail, dans leur calme solitude, mais très attristé de les sentir sans bonheur possible, tant que le monstrueux arrêt de Rozan ne serait pas révisé. Vainement Sarah aurait voulu qu’il restât là-bas, il s’entêtait à ne pas quitter la rue du Trou, sous prétexte de se rendre utile encore en surveillant lui aussi l’atelier. Et c’était, en effet, ce qui permettait à la jeune fille de prendre quelques vacances, les jours où elle se trouvait un peu lasse d’avoir accompagné son frère Joseph à Jonville.

Alors, ce nouveau rapprochement, ces journées passées si gaiement ensemble amenèrent les mariages prévus. Depuis leurs jeux d’enfants, les deux couples de beaux amoureux s’étaient sans cesse retrouvés, comme réunis par une tendresse croissante. Et il fut d’abord question du mariage de Sébastien et de Sarah, dont l’annonce ne surprit personne. On estima seulement que, si le fils Milhomme épousait la fille de Simon, avec l’autorisation