Page:Zola - Vérité.djvu/622

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son rival Philis, venait d’être renommé maire, après avoir longtemps attendu cette revanche. Et sa joie de rentrer afin dans cette mairie dont les curés l’avaient chassé, au lendemain de l’affaire Simon, était d’autant plus vive, qu’il y revenait avec une majorité compacte, qui allait lui permettre d’agir franchement, sans être condamné à de continuels compromis.

Marc, qui le rencontra, le trouva rayonnant.

— Oui, je me souviens, dit-il de son air de bonhomme, vous n’avez pas dû me trouver très brave jadis. Ce pauvre Simon, j’étais convaincu de son innocence, et je vous ai refusé d’agir, quand vous êtes venu me voir à la mairie. Que voulez-vous ? j’avais à peine deux voix de majorité, le conseil municipal m’échappait sans cesse, et la preuve est qu’il a fini par me renverser… Ah ! si j’avais eu la majorité d’aujourd’hui ! Nous sommes les maîtres, les choses vont marcher rondement, je vous le promets.

Souriant, Marc lui demanda ce que devenait Philis, le vaincu de la veille.

Philis, oh ! il avait eu un grand chagrin, il avait perdu récemment la personne que vous savez. Alors, il a dû se résigner à vivre avec sa fille Octavie, une demoiselle très dévote qui refuse de se marier. Son fils Raymond est officier de marine, toujours au loin, et la maison ne doit pas lui paraître bien gaie, dans sa défaite, à moins qu’il ne se console, car j’y ai vu une nouvelle bonne, une grosse fille vraiment solide et fraîche.

Il s’égaya bruyamment. Lui, ayant cédé son entreprise de maçonnerie, retiré avec une belle fortune, vieillissait près de sa femme, dans une parfaite union, attristée par le seul chagrin de n’avoir pas eu d’enfant.

— Alors, reprit Marc, voilà Joulic certain de n’être plus tracassé… Vous savez avec quelle peine, au milieu de