Page:Zola - Vérité.djvu/648

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Je lui faisais donc promettre de se coucher bien vite, lorsque je reconnus de loin, sur la table, près des images de sainteté, un modèle d’écriture qui venait de ma classe, timbré, revêtu de mon paraphe, et cette fois je me fâchai tout à fait, en lui rappelant la défense absolue faite aux élèves d’emporter ainsi le matériel de l’école. Il était devenu très rouge, il s’excusait, racontait comment il avait voulu finir à la maison un devoir pressé. Enfin, il me supplia de lui laisser le modèle jusqu’au lendemain, il me promit de le rapporter et de me le remettre à moi-même… Il ferma sa fenêtre, et je m’en allai. Voilà la vérité, toute la vérité, je le jure devant Dieu.

Marc s’était remis. Il regardait Gorgias fixement, sans rien laisser paraître ses impressions.

— Vous êtes bien certain qu’il ferma sa fenêtre derrière vous ?

— Il la ferma, je l’entendis mettre la barre des volets.

— Vous continuez donc à prétendre que Simon est le coupable, car personne ne pouvait plus venir du dehors, et vous pensez toujours que Simon, après son crime, rouvrit les volets, pour faire tomber les soupçons sur quelque rôdeur inconnu.

— Oui, selon moi, Simon est toujours le coupable. Cependant, il reste une hypothèse, celle où le petit Zéphirin, étouffant de chaleur, aurait rouvert les volets, derrière mon dos.

Marc ne broncha pas, devant cette supposition qui lui était offerte comme pouvant conduire à un fait nouveau. Il haussa même légèrement les épaules, renseigné tout de suite sur la valeur de la prétendue confession, du moment où l’homme continuait à accuser un autre de son crime. Pourtant, dans ce continuel mélange de vérité et de mensonge, un pas encore était fait vers un peu plus de lumière, et il voulut en prendre acte.