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Page:Zola - Vérité.djvu/652

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— Comme il vous plaira, monsieur Froment. Je suis venu en ami vous donner quelques détails sur cette histoire qui vous intéresse toujours, puisque vous n’avez pas renoncé à l’espérance de faire réhabiliter votre Simon. Vous pouvez utiliser ces détails, je vous autorise à les répandre. Surtout, je ne vous demande pas de remerciements, car je ne compte plus sur la gratitude des hommes.

Et il s’enveloppa dans son manteau en loques, et il s’en alla comme il était venu, ouvrant les portes lui-même, sortant sans un regard en arrière. Dehors, la pluie glacée tombait en furieuses rafales, le vent emplissait la rue de son hurlement. Et il disparut comme une ombre, au fond des effrayantes ténèbres.

Geneviève avait ouvert la porte derrière laquelle, pendant toute la scène, elle était restée aux écoutes. Debout, énervée et stupéfaite de ce qu’elle venait d’entendre, elle avait laissé tomber ses bras, elle regarda un instant Marc, immobile comme elle, ne sachant s’il devait rire ou se fâcher.

— Mais il est fou, mon ami ! À ta place, je n’aurais pas eu la patience de l’écouter si longtemps. Il ment comme il a menti toujours.

Puis, lorsqu’elle vit Marc se décider à prendre la chose gaiement :

— Non, non, ce n’est pas si drôle. J’en suis malade, de toute cette évocation abominable. Et puis, ce qui m’inquiète, c’est que je ne comprends pas ce qu’il est venu faire chez nous. Pourquoi ces prétendus aveux ? pourquoi te choisir ?

— Oh, ça, ma chérie, je crois savoir… Le père Crabot et les autres ne doivent plus donner un sou, en dehors de la petite mensualité qu’ils se sont engagés à lui servir. Alors, comme le gaillard a des appétits énormes, il s’ingénie à les terrifier de temps à autre, pour leur tirer