Page:Zola - Vérité.djvu/663

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empoisonnait chaque année, allaient être rendus à une instruction et à une éducation purement laïques. La réforme montait des établissements primaires aux établissements secondaires, le célèbre collège de Valmarie était lui-même atteint, bien affaibli déjà par l’expulsion effective des jésuites, frappé enfin de mort par tout le vaste ensemble de rénovation universitaire qui se préparait. Le principe de l’instruction intégrale pour tous les citoyens et de l’enseignement gratuit à tous les degrés commençait à prévaloir. Pourquoi deux France ? pourquoi une classe en bas, vouée à l’ignorance, et une classe en haut, la seule instruite et cultivée ? n’était-ce pas un non-sens, une faute et un danger chez une démocratie, dont tous les enfants doivent être appelés à décupler l’intelligence et la force de la nation ? Dans un avenir prochain, tous les enfants de France, réunis en un lien fraternel, débuteraient par les écoles primaires, monteraient de là dans les écoles secondaires et dans les écoles supérieures, selon les aptitudes des sujets, le choix et le goût de chacun. C’était là la réforme urgente, la grande œuvre de salut et de gloire, dont la nécessité se trouvait indiquée si nettement par le vaste mouvement socialiste contemporain, la déchéance de la bourgeoisie, lassée, usée, agonisante, la montée irrésistible du peuple, où frémissaient les énergies de demain. On devait désormais puiser en lui, on y trouverait ainsi qu’en un immense réservoir de puissance accumulée, les hommes de raison, de vérité et de justice, qui bâtiraient, au nom du bonheur et de la paix, la Cité future.

Mais, surtout, pour premier résultat, la gratuité absolue de l’enseignement, l’instruction nationale donnée à tous les enfants de la nation, comme l’eau et l’air dont ils ont besoin pour vivre, achèveraient de tuer ces prétendues écoles libres, ces foyers d’infection cléricale, où l’on ne fait œuvre que de servitude et de mort. Et, après l’école des frères de Maillebois, vide aujourd’hui