de la gratuité de l’instruction intégrale, à tous les degrés, quelle que pût être l’énormité de la dépense, car ce n’était point là des milliards jetés stupidement au mensonge et au meurtre, c’étaient des milliards qui aidaient à pousser du sol les bons artisans de prospérité et de paix. Il n’y avait pas de moisson comparable, chaque sou dépensé faisait le peuple plus intelligent et plus fort, maître du lendemain. Et l’inanité du grand reproche adressé à cette diffusion générale de l’instruction, celui de Jeter des déclassés, des révoltés, au travers des cadres étroits de l’ancienne société, apparaissait clairement, depuis que ces cadres avaient éclaté, pour donner naissance à la société nouvelle. La bourgeoisie, comme elle le redoutait avec raison, devait être emportée, ainsi que l’Église, le jour où elle n’aurait plus le savoir à elle seule. Mais, si chaque fils de paysan ou d’ouvrier, monté d’un coup à l’intelligence, à la connaissance, sans argent et avec des appétits décuplés, devenait autrefois un embarras, un danger pour elle, par son besoin de se classer, de conquérir sa part de jouissance sur celle des autres, ce danger avait totalement disparut, il ne pouvait plus y avoir maintenant de déclassés, puisqu’il n’y avait plus de classes, ni de révoltés, puisque l’état normal était désormais dans la montée de tous vers le plus de culture, pour l’action civique la plus utile possible. L’instruction avait accompli sa tâche révolutionnaire et elle était désormais la force et l’ordre mêmes de la nation, le pouvoir qui en avait à la fois élargi et serré le lien fraternel, tous appelés à travailler au bonheur de tous, sans qu’une seule énergie pût être ignorée et perdue.
D’ailleurs, cette instruction totale, cette nation entière mise en culture, donnant toute sa magnifique moisson, n’était devenue possible que depuis le jour où l’Église avait été chassée de l’enseignement. Sans doute, la séparation de l’Église et de l’État, puis la suppression du